Après nous avoir recyclé le coup de l’addiction au meurtre, les scénaristes ont la bonne idée de ne pas s’attarder sur une question déjà explorée, au potentiel limité, pour faire une démonstration un peu douteuse de la pertinence des meurtres commis par Dexter.
Depuis son lancement, la série nous a montré ce que faisait Dexter sans réellement encourager au jugement de manière directe. Il était sous-entendu qu’à partir du moment où il tuait des meurtriers, c’était, d’une certaine manière, tolérable pour le bien du divertissement. Le ton change, maintenant que Deb, première représentante de la justice et de la droiture dans le show, se retrouve face à la vérité et à un choix. Désormais, afin de sortir de cette situation compliquée, les scénaristes tentent de la convertir. Ce n’est pas une réussite totale, mais ils la mettent sur la voie, et ça devient vraiment douteux.
C’est une chose de montrer un homme conscient de sa maladie percevant le mal qu’il fait comme étant un bien, cela en devient une totalement différente quand son comportement se doit d’être validé par la seule personne qui n’a jamais perdu pied avec la réalité dans son univers. Deb a toujours été complémentaire de Dexter, car elle était son opposée, et c’est pour ça qu’il voulait lui-même la protéger. Maintenant, plus égocentrique que jamais, Dex souille ce qu’il y avait de meilleur dans sa vie – après Harrison, mais il n’est jamais là – pour pouvoir continuer à satisfaire ses besoins les plus primaires.
Il est probablement trop tôt pour condamner ou approuver cet angle d’approche, étant donné que Deb ne semble pas totalement acquise à la cause. Cela dit, elle est ici encouragée à faire un pas dans une direction dangereuse.
Malgré tout, cela donne un épisode d’assez bonne facture. L’histoire est construite de façon poussive, mais le rythme imposé accroche assez bien et la mise en scène complète le tout convenablement. On peut cependant regretter que certaines intrigues secondaires ne tiennent pas la mesure. Quinn, par exemple, est une déception continuelle – et on ne peut plus réellement être surpris. Par contre, la destinée de Louis est relativement insatisfaisante, puisqu’on lui offre une sortie par la petite porte, lui qui avait la capacité pour faire un gros boom. Peut-être qu’il y aura des retombées percutantes, mais ça parait peu probable.
À l’opposé, Isaak s’impose de plus en plus comme étant un méchant qui va faire des dégâts et qui a le potentiel pour donner à cette saison du suspense et des twists surprenants. Espérons qu’il ne déçoive pas en tournant autour du pot trop longtemps.
Enfin, on nous introduit le personnage d’Hannah McKay (Yvonne Strahovski) qui, pour le moment, n’apporte rien. On va dès lors attendre un peu pour voir ce qu’elle est censée faire, car elle est annoncée comme étant récurrente sur la saison.
Buck The System remonte donc le niveau de ce début de saison en s’aventurant sur une pente très glissante. Si ce n’est pas maitrisé comme il se doit par la suite, cela pourrait franchement ruiner la série en la réduisant à ce qu’elle a toujours tenté de ne pas être – un spectacle gratuitement immoral. Il est vrai que cela fait longtemps que Dexter n’apparait plus comme étant le show subversif vendu à ses débuts, mais il pourrait le redevenir, et pas pour le meilleur.
source : critictoo.com